10 février 2007

L'Ère de glace 1

Dans la tolée pré-électorale du dégel des frais de scolarité, j'ai décidé moi aussi de vous entretenir sur ce sujet. Pour vous éviter un texte affreusement long, je vais le présenter en deux parties, la deuxième viendra plus tard cette semaine. Dans ce débat, les gens contre le dégel utilisent souvent le champs lexical de la pauvreté. On parle des étudiants pauvres, de famille moins nantis, d'endettement. Pour cette première partie, je vais simplement tenter de clarifier un point, qui semble, à première vue, très banal. Question à 5 sous: C'est qui, les pauvres? Non, mais, sérieusement, qui sont les «pauvres»?

On a souvent des images pré-conçues dans nos têtes sur le sujet. Lorsqu'il est question de «riches», on s'imagine un genre de banquier ou chef d'entreprise, bedonnant, en habit, fumant un cigare, d'attitude généralement méchante. N'est-ce pas? Avouez-le, allez! On est entre nous! Bon. À l'opposé, lorsque l'on entend le terme «pauvres», on s'imagine inconsciemment une petite mère monoparentale fragile, travaillant au salaire minimum, d'attitude générallement bonne. C'est dans nos têtes, pas de problèmes. Mais, concrètement, est-ce vraiment le cas? Lorsque les Robins-des-bois des temps modernes défendent ces étudiants pauvres, de familles moins nantis, de qui il est question?

Je vais expliquer ma situation afin de pouvoir faire un parallèle. Je suis étudiant universitaire, qui bénéficie du programmes des prêts et bourses, mère monoparentale, sans contribution des parents, bref, un full prêt, full bourse. Je n'ai pas d'emploi à temps partiel non plus. Bon, quelques mythes d'effacés, fais-je dont pitié! Retenez vos larmes, je vous en prie! Donc, techniquement, ces étudiants, souvent d'associations aux acronymes généreux, me défendent donc à moi lorsqu'ils traitent du sujet du dégel des frais de scolarité. Ah bon...toujours bon à savoir. Le problème, c'est que je me sens aucunement visé.

Voici pourquoi: J'ai un appartement, des comptes à payer, des frais de scolarité à payer et certaines autres dépenses. Je reçois 715$ par moi, pour un total d'à peu près 8 000$ par année. Je ne travaille pas pendant mes études et je n'ai pas de revenus donné par mes parents. Et...(roulements de tambours), j'arrive financièrement! J'ai de l'argent pour vivre! Je ne me considère pas si pauvre que ça! Je suis dans le vert! Tadam! J'ai assez d'argent! Bon, évidemment, je n'ai pas de voiture. Certains disent qu'ils n'ont jamais vu les stationnements universitaires aussi bondés! Également, je ne sors pas toutes les semaines, je ne fume pas et je bois lorsque l'occasion se présente. Maintenant que l'on prend cette réalité en considération, qui sont ces étudiants pauvres que l'on défend? Existent-ils, au moins?

Parceque, techniquement, un étudiant «pauvre» reçoit les prêts et bourses. Moi, j'en ai assez des prêts et bourses. Bon, peut-être que je ne vis pas au-dessus de mes moyens comme certains, mais bon. Les prêts et bourses engendrent néanmoins cette notion «d'étudiants endettés», que ces gens, peu connaisseurs il va sans dire, soulèvent souvent. Laissez-moi rectifier le tir: Ce n'est pas vrai! Un étudiant ne peut pas être endetté! C'est tout faux! Ce n'est pas l'étudiant qui est endetté, mes chers amis, mais bien le futur travailleur qu'il représente, nuance! Ce n'est aucunement l'étudiant et sa famille moins nantis qui aura a remboursé ces prêts, mais bien le travailleur à bon salaire qu'il sera devenu! Donc, si je comprends bien, les détracteurs du dégel des frais scolaires, lorsqu'ils défendent les «pauvres», ils défendrent les futurs «riches» qui seront, plus tard, en mesure de payer les frais scolaires de leurs progénitures! Wow! Si seulement ils le savaient! Comme devoir cette semaine, revoir vos définitions de riches et de pauvres!

À suivre...

9 commentaires:

Anonyme a dit…

Ton titre est le meilleur de l'histoire des blogues !

Je crois que ceux qui défendent le gel des frais de scolarité aiment ça avoir l'air pauvre, parce que c'est «in» au Québec. Ça, et aussi parce que quand tu restes 8 ans à l'université simplement pour abuser du système et pour te faire croire que tu changes le monde dans une association étudiante à la con, ça commence à être dispendieux à la 8e année.

Guy a dit…

Surtout qu'il y a une limite d'endettement!

RJG a dit…

En effet Guy, tu as un don pour l'écriture et tu sais faire des titres punch. À voir ton écriture, je te vois plus comme un éditorialiste ou un journaliste qu'un entrepreneur ou salarié.

Stéphanie a dit…

Avec un dégel des frais de scolarité notre fameux système aurait les moyens de payer de meilleurs professeurs et de garder les chercheurs, les équipements suivraient plus les améliorations que les décennies. Nous aurions probablement des diplômes qui se reconnaitraient de part leur qualité à travers le monde... Mais bon, ils veulent un petit pain et crient au gel des frais.

Autre fait. Si nos médecins crient à l'équité, ont-ils déjà fait le ratio entre les coûts reliés à leur formation et le salaire qu'ils reçoivent après ?

Je suis pour le dégel afin que le système devienne plus réaliste et que les moyens qui existeront pour aider les étudiants, comme les bourses au rendement, puissent être un défi et une récompense tout à la fois.

Guy a dit…

En réponse à Rémy, oui, je suis conscient qu'un jour, j'aurai une offre lucrative de la part d'un journal friand de mon écriture et mon charisme (en plus, je suis l'un des meilleurs caricaturistes que la Terre aie porté, je posterai une des mes caricatures prochainement).

En ce qui concerne l'intervention de Stéphanie, je suis tout à fait d'accord. En fait, dans la 2e partie de mon article sur le dégel, je vais davantage en parler, mais je vois effectivement le dégel des frais plus comme une valorisation des études supérieures plutôt qu'une solution au sous-financement.

Imane a dit…

Bravo guy pour le sujet, trés trés captivant et je dirai comme Rémy, je te verrai vraiment comme journaliste ou écrivain, tu as un style vraiment unique!!
Concernant le dégel des frais de scolarité, c'est vrai qu'il y en a énormément qui veulent avoir l'air pauvre pour en avoir plus, mais aussi, ils sont «pauvres» car ils vivent au dessus de leurs moyens.. Si toi, tu es capable de t'en sortir avec tes prêts et bourses, pourquoi pas les autres?... je ne parle pas des mères aux études, ça c'est différent car elles ont plus de responsabilité, donc, forcément, ont besoin de plus d'argent. je suis daccord avec Stéphanie, le système doit devenir plus réaliste pour que les bourses de rendements ou d'excellences soient un défi!

RJG a dit…

Parlant de caricature, celle-ci de la presse du 13 février 2007 est très bonne :
http://www.cyberpresse.ca/article/20070213/CPACTUALITES/702130571/6446/CPACTUALITES

Pour ce qui est de ton charisme et de ton humilité...

pepe's a dit…

Bravo Guy, très intéressant comme sujet. Je suis d'accord avec Rémi, tu a un talent pour l'écriture et des titres qui ont du punch.

D'accord aussi avec Imane. Plusieurs étudiants vivent bien au desus de leur moyens. On a qu'à les regarder, ils ont tous des cellulaires, des vêtements griffés. Au fait, pouvez vous me dire quel est le besoin d'avoir un téléphone cellulaire lorsqu'on est étudiant, et particulièrement à temps plein ? Pour appeller qui ? Leurs copines, ou papa et maman lorsqu'ils manquent d'argent ou d'autres choses.

Je pense également que les frais de scolarité vont avec la qualité de l'enseignement. Partout à l'extérieur du Québec, ça coûte beaucoup plus cher pour étudier. Je dit donc oui au dégel des frais de scolarité. La qualité de l'enseignement n'en sera que meilleure et la reconnaissance des acquis aussi. Cela ne ferait pas de tort non plus pour l'achat de nouveau matériel didactique qui en a bien besoin.

Guy a dit…

Mon doux! Je suis le premier surpris. Moi qui croyais me faire des ennemis avec mon sujet! Il faut croire que ces étudiants qui affichent des pancartes et qui s'assoient à des tables parcequ'ils n'ont rien d'autre de plus intéressant à faire représentent "vraiment" l'opinion de tous les étudiants! ...Vous êtes sûr que vous ne voulez pas me détester?